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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/238

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

— Précisément, et si le plus vieux soldat, qui avait fait ses preuves dans plus d’une campagne, réussit à s’assurer l’avantage dans la lutte, le jeune aventurier n’avait trop rien à dire, n’est-ce pas, Valentin ?

— Eh bien ! non, je crois que non, » répondit Valentin intrigué par la singulière expression du visage de son vieux compagnon.

Le clignement malicieux des yeux du capitaine, le sourire de triomphe qui se dessinait sur ses lèvres ne disaient rien de bon.

Valentin se rappelait le vague soupçon qui avait traversé son esprit quand la veille de Noël, le capitaine et lui avaient dîné ensemble dans un restaurant du West End, et quand le capitaine avait porté un toast à Charlotte avec un sourire dans lequel il avait cru voir une signification sinistre.

Il commença à pressentir quelque révélation peu agréable.

Il commença à comprendre que d’une façon ou d’autre le vieil intrigant devait avoir réussi à se jouer de lui.

« Qu’allez-vous m’apprendre ? demanda-t-il. Je vois que quelque méchante pensée occupe votre esprit. Comment vous trouviez-vous à Ullerton en même temps que moi ? Je vous ai rencontré à la station et j’ai eu vaguement le soupçon que ce n’était pas la première fois que vous me suiviez. J’ai vu un gant dans le cabinet d’un certain individu, un gant que j’aurais juré vous appartenir. Mais, quand je suis revenu, vous m’avez entretenu d’une manière si plausible de la nouvelle affaire qui vous occupait, que j’ai été assez sot pour vous croire. Mais maintenant je suppose que vous avez bien pu me jouer et me duper.

— Jouer, duper, voilà de dures paroles, mon cher