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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/90

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

« Sheldon semble avoir un génie tout particulier pour choisir des médecins incapables, » pensa-t-il avec amertume.

Tout incapable qu’eût pu être Burkham pour les exigences du cas particulier pour lequel il avait été appelé, il pouvait au moins dire à Valentin quel était, parmi les médecins célèbres de Londres, celui qui convenait le mieux pour le traitement de la maladie de Charlotte.

« Et si, comme Diana l’a quelquefois supposé, la maladie de Charlotte a une cause héréditaire, ce Burkham pourra nous éclairer sur la nature du mal, » pensa Valentin.

Il se rendit directement du chemin de fer à la tranquille taverne, au premier étage de laquelle se réunissaient les membres du club : c’était une heure à laquelle on pouvait espérer d’en rencontrer plusieurs.

Un humble jeune homme, ayant l’air d’un commis qui avait adapté à la scène anglaise une farce du Palais-Royal, et qui de prime-saut était devenu fameux et dans les conditions voulues pour être admis au club, était là dégustant son sherry, en passant en revue les journaux du matin.

Haukehurst le salua de la tête d’un air distrait et se mit en quête du maître d’hôtel du club, dont il obtint l’adresse de Burkham après une assez longue recherche dans de vieux papiers en désordre.

C’était la même adresse, la même rue ancienne et tranquille où Burkham habitait dix années auparavant, quand il avait été appelé auprès du fermier du comté d’York.

La carrière de Burkham n’avait pas été favorisée par le soleil de la prospérité : il était arrivé à vivre tant bien que mal et à faire vivre sa jeune femme qui, lors-