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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/92

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

santeries d’un autre âge, même protégées par les membres du club. Aussi peu à peu Burkham s’était-il confiné dans son obscure demeure de Bloomsbury et ne paraissait-il plus au club.

Une voiture de place transporta rapidement Haukehurst dans les régions de Bloomsbury. Ce n’était pas le moment de penser à ménager le prix d’un fiacre. Le soldat de fortune ne songeait plus au nid où il amassait ses œufs, sous forme de reçus de la Banque. Il combattait contre le temps et la mort, terribles ennemis auxquels les plus rudes guerriers ne tiennent que faiblement tête.

Il trouva la sombre demeure dans une sombre rue, et la modeste servante, qui vint lui ouvrir la porte, l’informa que Burkham était chez lui et l’introduisit dans un cabinet obscur, sur le derrière de la maison, où une tête phrénologique, considérablement noircie par la fumée, surmontait une bibliothèque, renfermant des livres accusant un long usage : une table sur laquelle il y avait un buvard et un encrier et quelques mauvaises chaises de crin, composaient le mobilier.

Valentin envoya sa carte au médecin et s’assit sur une des chaises en attendant l’arrivée du docteur.

Il vint après un court délai, qui parut long à son visiteur. Il entra en se frottant les mains qui paraissaient avoir été tout nouvellement lavées, et une assez forte odeur de séné et d’aloès s’exhalait de ses vêtements.

« Je doute que vous vous rappeliez mon nom, monsieur Burkham, dit Valentin, mais vous et moi nous sommes membres du même club, et d’un club dont les membres sont animés les uns envers les autres des meilleurs sentiments… Je viens vous demander un service… »