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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/94

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

appeler la douairière Doddleson, et je crois qu’il est fort en faveur auprès des vieilles dames hypocondriaques qui ont trop d’argent pour savoir qu’en faire et trop peu de bon sens pour en bien régler l’emploi.

— Le docteur Doddleson est-il un homme auquel vous confieriez la vie de votre ami le plus cher ?

— Très-certainement non ! s’écria le docteur qui devint rouge du feu qu’il mit dans sa réponse.

— Très-bien, monsieur Burkham ; mon plus cher ami est une jeune dame ; en un mot, c’est la femme que je dois épouser et que j’aime comme il est donné à peu de femmes de l’être ; cette chère fille dépérit depuis deux ou trois mois sous l’influence d’un mal inconnu, et le docteur Doddleson est le seul médecin qui ait été appelé à lui donner ses soins jusqu’à présent.

— C’est une erreur, dit gravement Burkham, une grande erreur ! Le docteur Doddleson habite un beau quartier, il se fait conduire dans un bel équipage, il a de la réputation parmi les personnes dont je vous ai parlé, mais c’est le dernier que je consulterais au sujet d’une personne qui me serait chère.

— C’est précisément l’opinion que je me suis faite après dix minutes de conversation avec lui. Maintenant, ce que j’attends de vous, monsieur Burkham, c’est le nom et l’adresse d’un homme auquel je puisse me confier pour donner ses soins à cette chère fille.

— Laissez-moi réfléchir. Il y a beaucoup de médecins. Est-ce un cas de consomption ?

— Non, Dieu merci !

— Une maladie du cœur, peut-être ?

— Non, il n’y a pas de maladie organique. C’est une langueur, un dépérissement… »

Burkham énuméra quelques maladies qui se mani-