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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/96

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

si j’en juge par vos manières, monsieur Burkham, dit Valentin instantanément saisi par la conviction qu’il y avait quelque chose d’extraordinaire dans l’air singulier du docteur et résolu à approfondir ce mystère.

— Non, mon cher, dit le médecin d’un ton saccadé, je ne suis pas agité, mais seulement surpris. J’ai été étonné d’entendre prononcer le nom d’un client depuis si longtemps oublié. Ainsi donc la jeune dame à laquelle vous êtes fiancé est la fille de M. Halliday. La femme de M. Halliday vit encore, je suppose ?

— Oui, mais celle qui était alors Mme Halliday, est à présent Mme Sheldon.

— Comme de raison, il l’a épousée, dit Burkham ; oui, je me rappelle avoir appris ce mariage. »

Il avait essayé en vain de reprendre son calme, il était pâle jusqu’aux lèvres, et sa main tremblait, pendant qu’il essayait de remettre en ordre ses papiers épars sur le sol.

« Qu’est-ce que cela, signifie ? pensa Valentin, Mme Sheldon parlait de l’inexpérience de cet homme. Se pourrait-il que cette inexpérience ait coûté la vie à M. Halliday et qu’il en ait conscience ?

Mme Halliday est maintenant Mme Sheldon, répéta le médecin à demi-voix. Oui, je me souviens, et M. Sheldon, le dentiste, qui habitait à cette époque dans Fitzgeorge Street existe encore ?

— Oui, il existe. C’est lui qui a appelé le docteur Doddleson pour soigner Mlle Halliday. Comme son beau-père, il exerce une certaine autorité, non pas légale, car ma fiancée est majeure, mais conformément aux convenances sociales. Il a appelé M. Doddleson, et paraît avoir confiance en lui, et comme il a été presque médecin lui-même, il prétend comprendre parfaitement l’état de Mlle Halliday…