Aller au contenu

Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/109

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
105
LA FEMME DU DOCTEUR
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

rait, et, tombant à genoux à ses côtés, elle murmura à travers ses sanglots :

— Oh ! je vous en prie, pardonnez-moi !… Je vous en supplie, ne soyez pas fâché contre moi !… Je vous aime si tendrement et si sincèrement !… Dites-moi seulement que vous me pardonnez !…

Roland releva la tête et la regarda. Ah ! quel regard de reproche il lui jeta, et pendant combien de temps resta-t-il dans sa mémoire pour troubler son repos !

— Je vous pardonnerai, — répondit-il sévèrement, — lorsque j’aurai appris à supporter l’existence sans vous.

Il reposa sa tête sur ses bras croisés, et Isabel resta agenouillée près de lui pendant quelques minutes à le contempler. Mais il ne bougea pas, et elle, trop effrayée et trop surprise de sa colère, sentant vaguement, mais avec remords, sa propre faute, n’osa pas lui parler davantage. Elle se releva donc et s’éloigna. Elle commençait à avoir conscience qu’elle avait été, d’une façon ou d’une autre, très-coupable, et que sa faute avait suscité des chagrins à l’homme qu’elle aimait.

CHAPITRE XXVI.

UN PRÉDICATEUR POPULAIRE.

Que pouvait faire Isabel ? L’édifice de tous ses rêves avait flotté comme une toile d’araignée secouée par un vent violent et avait disparu, entraîné sans retour. Tout le monde l’avait méconnue. Lui-même qui aurait