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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/142

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LA FEMME DU DOCTEUR.
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espèce de soulagement pour Roland de parler à quelqu’un, à quelqu’un qui ne s’aviserait pas de lui faire de la morale ou de pénétrer les secrets de son cœur. Il ne savait pas avec quelle facilité Gwendoline lisait ses secrets. Il ne savait pas qu’il avait fait surgir une sorte de colère dédaigneuse dans ce cœur, par son amour pour Isabel.

— Avez-vous vu vos amis ces temps derniers ?… ce médecin de Graybridge et sa femme que nous avons rencontrés un soir à Mordred ? — demanda enfin Gwendoline avec une indifférence suprême.

Elle ne voulait pas laisser partir Roland sans avoir sondé sa blessure.

— Non, je ne les ai vus que très-peu, — répondit Lansdell. La question de Gwendoline ne le surprit pas ; il pensait perpétuellement à Isabel et ne ressentait aucun étonnement à une allusion faite à son sujet par un étranger. — Je n’ai pas vu M. Gilbert depuis mon retour en Angleterre.

— Vraiment ! je croyais que vous vous étiez pris d’une belle amitié pour lui, bien que je doive avouer, en ce qui me concerne, que je n’ai jamais rencontré d’homme plus vulgaire. Ma femme de chambre, qui est une cancanière insupportable, me dit que Mme Gilbert a été atteinte brusquement de monomanie religieuse, et qu’elle ne manque pas un service à Hurstonleigh. Les braves gens du Midland raffolent de ce M. Colborne. Je suis allée l’entendre moi-même dimanche dernier et j’y ai pris beaucoup de plaisir. J’ai vu la femme de M. Gilbert assise dans un banc près de la chaire, tenant constamment fixés sur le visage du vicaire, pendant tout le sermon, ses grands yeux