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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/143

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LA FEMME DU DOCTEUR

insignifiants. C’est bien là une femme capable de s’amouracher d’un prédicateur à la mode.

Lansdell devint écarlate, puis très-pâle. « Ses grands yeux insignifiants fixés sur le visage du vicaire ! » Ces yeux ravissants qui l’avaient si souvent regardé, avec une expression d’éloquence muette et de tendresse pensive. Avait-il donc été dupe de sa propre vanité ? Cette femme n’était-elle qu’une coquette sentimentale, prête à devenir amoureuse du premier venu et savante en phrases de pensionnaires sur l’amour platonique ? Le trait lancé par Gwendoline l’atteignit en plein cœur. Il essaya de causer d’un air indifférent de choses et d’autres, puis, regardant tout à coup la pendule, il s’excusa longuement sur la durée de sa visite et se sauva. Il était quatre heures comme il quittait Lowlands. Le lendemain était un dimanche.

— J’irai m’en assurer par moi-même, — murmura-t-il en parcourant un étroit sentier et hachant avec sa canne les haies très-basses en cet endroit ; — j’irai demain m’en assurer par moi-même.

CHAPITRE XXVIII.

TENTATIVES DE SAGESSE.

Le dimanche qui suivit la visite de Roland à sa cousine était une chaude journée du mois de mai, et les sentiers ombreux et les prairies par lesquels le maître du Prieuré de Mordred passa pour se rendre à Hurstonleigh étaient diaprés de fleurs sauvages. Près de