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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/15

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LA FEMME DU DOCTEUR
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clair de la lune, causant de l’avenir radieux ouvert devant nous. Rien qu’une année ! et il y avait tant d’accidents qui auraient pu presser mon retour. Rien qu’une année ! et dans ce court espace de temps j’ai perdu mon unique chance de bonheur.

Roland avait fait son devoir. Il avait fait à Raymond une promesse qu’il se promettait de tenir ; et ceci fait, il donnait à ses pensées et à son imagination une liberté qu’il ne leur avait jamais accordée auparavant. Il n’essayait plus de conserver l’attitude qu’il s’était efforcé jusque-là de garder vis-à-vis de Mme Gilbert. Il ne regardait plus comme de son devoir de penser à elle comme à une enfant jolie et déjà grandelette dont les puériles folies l’amusaient pendant un moment. Non ; il s’en allait, il n’était plus besoin qu’il contraignît plus longtemps ses pensées. Il s’éloignait : il était donc libre de s’avouer à lui-même que cet amour qui avait envahi si rapidement son cœur était la grande passion de sa vie et que, dans d’autres circonstances, elle en eût été le bonheur et la rédemption.

CHAPITRE XX.

« LES OCÉANS NOUS SÉPARERONT. »

Comme de coutume, M. et Mme Gilbert se rendirent à l’église, en se donnant le bras, le lendemain matin après le déjeuner champêtre ; mais Sigismund demeura à la maison pour esquisser le plan provisoire