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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/169

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LA FEMME DU DOCTEUR

les conséquences les plus graves à l’imprudence de son malade.

— J’avais envoyé mon fils en tournée chez les malades de votre mari, — dit-il, — et je dois dire que je suis un peu froissé du peu de confiance en moi que dénote la conduite de M. Gilbert.

Isabel était trop occupée par mille pensées contradictoires pour diminuer un peu l’indignation de M. Pawlkatt. Le digne homme s’éloigna le cœur rempli de sentiments amers contre le jeune praticien.

— Si votre mari est assez bien portant pour aller voir ses malades, c’est qu’il n’a pas besoin de moi, — dit-il au moment où Isabel lui ouvrait la porte ; — mais s’il allait plus mal, ce qui est vraisemblable après une conduite aussi imprudente, vous savez où l’on me trouve. Je ne reviendrai pas avant d’avoir été appelé. Bonsoir.

Isabel poussa un soupir en refermant la porte sur le médecin outragé. Le monde lui semblait maintenant rempli de tourments. Roland était fâché contre elle. Ah ! quelle colère et quel dédain amers elle avait lus la veille à l’église sur sa physionomie ! George était malade et allait aggraver son état par une imprudence ; une personne, — la personne que la femme du médecin craignait entre toutes, — était pour ainsi dire tombée du ciel dans le Midland ; et, par-dessus tout cela, M. Pawlkatt plein d’indignation pour l’offense qu’on lui faisait. Elle ne rentra pas immédiatement dans la maison à cette heure crépusculaire, elle paraissait triste et étouffante. Elle resta auprès de la porte, regardant la ruelle poudreuse à travers la grille, — la ruelle monotone et ennuyeuse, dont l’aspect immuable lui causait tant d’ennui. Elle était très