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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/170

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LA FEMME DU DOCTEUR.

fâchée de la maladie de son mari. Il était dans sa nature d’aimer et de plaindre tous les êtres faibles de la création. La même espèce de tendresse qu’elle avait ressentie autrefois pour un chat malade, ou un oiseau blessé, ou un chien vagabond la regardant d’un air suppliant avec de grands yeux affamés, remplit son cœur en ce moment en pensant à Gilbert. Il sortit alors distinct et palpable du néant dans lequel il s’était évanoui au moment de l’apparition de Roland, et il apparut comme une créature qui aurait besoin de pitié et d’affection.

— Est-il très-malade ? — se demandait-elle. — Il dit lui-même qu’il ne l’est pas, et il est bien plus habile que M. Pawlkatt.

Elle regarda dans la ruelle, guettant le retour de son mari. Deux ou trois personnes passèrent lentement à des intervalles considérables ; et enfin, comme la nuit tombait, la silhouette d’un jeune garçon, à la démarche lourde et dégingandée, se distingua dans la demi-obscurité.

— Est-ce ici M. Gilbert le médecin ? — demanda-t-il à Isabel.

— Oui. Désirez-vous lui parler ?

— Non, je ne veux pas lui parler ; mais j’ai une lettre à remettre à sa femme de la part d’un homme qui loge chez nous. Êtes-vous la personne que je cherche ?

— Oui ; donnez-moi la lettre, — répondit Isabel en passant la main à travers les barreaux de la grille.

Elle prit la missive des mains de l’enfant, qui la lui donna comme avec regret, puis s’éloigna. Mme Gilbert mit la lettre dans sa poche et rentra. Les bougies venaient d’être apportées au parloir. La femme du