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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/208

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LA FEMME DU DOCTEUR.

— J’ai quelques lettres à écrire pour le courrier de ce soir, — dit-il. — Raymond, je sais que vous m’excuserez si je vous quitte pour une heure à peu près. Roland, j’espère que Raymond et vous, vous ferez justice à ce chambertin.

Raymond murmura quelques paroles de politesse stéréotypées au moment où le comte quittait la salle à manger ; mais il ne cessa pas un instant d’observer le visage de Roland. Il avait suivi la formation de l’orage et il s’attendait à un rapide coup de tonnerre.

Il ne se trompait pas dans ses calculs.

— Raymond, est-ce vrai ? — demanda Lansdell au moment où la porte se refermait sur son oncle.

Il parlait comme si la conversation n’avait pas été interrompue depuis le moment où on avait prononcé le nom de Mme Gilbert.

— De quoi parlez-vous, Roland ?

— De cette infâme calomnie sur Isabel Gilbert. Est-ce vrai ? Bah ! je sais qu’il n’en est rien. Mais je désire savoir s’il y a l’ombre d’une excuse pour une pareille médisance. Ne plaisantez pas avec moi, Raymond ; je ne vous ai rien caché : j’ai le droit d’attendre que vous vous montriez franc avec moi.

— Je ne pense pas que vous ayez le droit de me questionner là-dessus, — répondit très-gravement Raymond ; — la dernière fois qu’il en a été question entre nous, vous avez repoussé mes conseils et protesté contre toute intervention de ma part dans vos affaires. Je pensais que le sujet était vidé entre nous et à votre demande ; et assurément je ne me soucie pas de le renouveler aujourd’hui.

— Mais les choses ont changé depuis, — dit Lansdell avec vivacité. — Je ne fais que rendre justice à Mme Gil-