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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/210

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LA FEMME DU DOCTEUR.

trailles. Cela ne pouvait être, cela ne pouvait être qu’elle l’eût trompé, qu’elle se fût jouée de lui ; mais si cela était vrai… ah ! quelle infamie !… quelle trahison !…

— Y a-t-il quelque chose de vrai là dedans, Raymond ? — répéta-t-il, se levant de sa chaise et dévorant son parent des yeux.

— Je refuse de répondre à cette question. Je n’ai rien de commun avec Mme Gilbert ou avec les cancans qui peuvent courir sur son compte.

— Mais moi j’insiste pour que vous me disiez tout ce que vous savez ; ou bien, si vous me refusez, je vais aller trouver Gwendoline et savoir la vérité de sa bouche.

Raymond leva les épaules comme pour dire : — Tout autre raisonnement serait inutile ; ce malheureux courra à son sort, quoi qu’on fasse.

— Vous êtes fort opiniâtre, Roland, — dit-il à voix haute, — et je suis très-fâché que vous ayez fait la connaissance de la femme du docteur, au lieu de choisir parmi une quantité de femmes plus jolies, que vous auriez pu rencontrer pendant vos promenades ; mais, après tout, vous me direz qu’il ne manquait pas non plus de femmes plus jolies qu’Hélène. Cependant, comme vous insistez pour apprendre tous les détails sur ce scandale de village, — qui peut être ou n’être pas vrai, — il faut faire à votre fantaisie, et j’espère, lorsque vous serez satisfait, que vous jugerez à propos de tourner les talons au Midland et à Mme Gilbert. J’ai entendu quelque chose de l’histoire que Gwendoline vous a racontée au dîner et d’une source suffisamment certaine. J’ai entendu dire…

— Quoi ?… Qu’elle… qu’Isabel a été vue avec un étranger ?