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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/253

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LA FEMME DU DOCTEUR

l’habitude de se tenir depuis que les Jeffson s’étaient, pour ainsi dire, emparés du chevet de son mari. Elle ne pouvait leur contester le droit qu’ils avaient d’agir ainsi. N’était-elle pas une créature frivole et malheureuse, tremblant et frissonnant comme une feuille lorsqu’elle essayait de faire quoi que ce fût pour soulager le malade ?

La journée parut d’une lenteur pénible. Le tic-tac d’une vieille horloge dans l’escalier et la respiration pénible et inégale du malade étaient les seuls bruits qui troublaient le douloureux silence de la maison. Une où deux fois, Isabel prit une bible ouverte sur une petite table à côté d’elle et essaya de trouver quelque courage dans ses pages. Mais la beauté de ces paroles ne la frappait pas comme dans la petite église de Hurstonleigh, alors que son esprit était exalté par toutes sortes de désirs divins. Il semblait que son âme fût stupéfiée par un sentiment de crainte et d’horreur. Elle n’avait pas d’amour pour son mari ; et ces témoignages d’amour divin qui ont une affinité si subtile avec les affections terrestres ne pouvaient la toucher de bien près dans la disposition d’esprit où elle se trouvait. Elle n’aimait pas assez son mari pour demander à Dieu presque un miracle en sa faveur. Elle le plaignait ; ses souffrances éveillaient en elle une tendre compassion ; elle avait une terrible frayeur qu’il mourût, — mais voilà tout. Elle pria pour lui ; mais il n’y avait pas d’exaltation dans sa prière et elle eut un triste pressentiment que ses supplications ne seraient pas exaucées.

L’après-midi était fort avancée lorsque le médecin de Wareham arriva avec M. Pawlkatt ; et, lorsqu’il fut arrivé, il parut à Isabel qu’il ne faisait pas beau-