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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/254

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LA FEMME DU DOCTEUR.

coup de choses. C’était un homme à favoris gris, à l’aspect important, et dont les chaussures craquaient ; il s’assit au chevet, tâta le pouls du malade, écouta sa respiration, souleva ses paupières alourdies, et plongea son regard dans ses yeux obscurcis et injectés. Il fit beaucoup de questions ; puis il redescendit avec M. Pawlkatt, et les deux hommes de l’art s’enfermèrent pendant dix à douze minutes dans le petit parloir.

Cette fois Isabel ne suivit pas M. Pawlkatt. Elle était terrifiée par la présence du médecin étranger, et rien dans les manières des deux hommes n’inspirait l’espoir ou le courage. Elle resta assise et immobile dans son coin obscur ; mais Mathilda quitta la chambre après le départ des médecins et descendit doucement. George dormait d’un sommeil profond cette fois, et sa respiration était plus régulière qu’elle n’avait été jusqu’à ce moment ; — elle était plus régulière, mais néanmoins bruyante, et faisait peine à entendre.

Avant que dix minutes se fussent écoulées, Mathilda rentra, très-pâle et avec des traces de larmes sur la figure. La digne femme avait écouté la consultation médicale qui s’était tenue au-dessous.

Peut-être Isabel comprit-elle vaguement qu’il en était ainsi, car elle quitta sa chaise et fit quelques pas au-devant de la femme de charge.

— Oh ! dites-moi la vérité, — murmura-t-elle d’un ton suppliant, — est-ce qu’ils ont dit qu’il en mourrait ?

— Oui, — répondit Mathilda d’une voix dure et cruelle qui contrastait singulièrement avec ses sanglots à moitié étouffés, — oui, Mme Gilbert, vous pourrez maintenant en prendre à votre aise et aller