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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/256

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LA FEMME DU DOCTEUR.

ments… mieux ventilés… cela viendra, s’il plaît à Dieu… J’ai vu beaucoup de souffrances… et… mon devoir…

Il retomba lourdement dans les bras de William, et un déluge de larmes, — de larmes brûlantes et de repentir qu’il ne devait pas voir, — inonda son visage pâli. Sa mort fut très-brusque, bien que sa maladie eût été longue et douloureuse, si l’on considère la nature du mal. Il mourut suprêmement calme avec la conscience du devoir accompli. Il mourut en tenant entre ses mains les mains d’Isabel, et n’ayant jamais eu, dans toute sa vie pure et tranquille, un seul sentiment de doute ou de jalousie qui pût lui torturer le cœur.

CHAPITRE XXXVI.

ENTRE DEUX MONDES.

Un calme solennel descendit sur la maison de Graybridge ; et pour la première fois Isabel sentit la présence de la mort auprès et autour d’elle, l’isolant du monde des vivants par son influence glaciale. La montagne de glace était venue heurter la frêle embarcation. Il semblait presque à Isabel que la maison et elle-même étaient emprisonnées par un mur glacial, à travers lequel les vivants ne pouvaient pénétrer.

Elle souffrait beaucoup ; la sensibilité nerveuse de sa nature la rendait particulièrement sujette à ces sortes de douleurs. Une angoisse causée par les remords lui déchirait le cœur. Ah ! combien elle avait