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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/262

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LA FEMME DU DOCTEUR.

seul des bruits de la maison. Elle resta dans une insomnie fiévreuse jusqu’à ce que les rayons du soleil levant vinssent frapper les jalousies ; alors elle tomba dans un assoupissement pénible pendant lequel elle rêva que son mari était vivant et bien portant. Elle resta dans cet état sans être complètement endormie, jusqu’à dix heures du matin. À ce moment elle aperçut Mathilda assise auprès de la petite table, sur laquelle fumait l’inévitable tasse de thé à côté d’une assiettée de tartines de beurre, identifiées d’une façon inséparable, dans l’esprit d’Isabel, avec George.

— Il y a quelqu’un qui désire vous voir, si votre état vous permet de recevoir, mon enfant, — dit Mathilda avec douceur.

Elle avait été excessivement émue par la petite confession sincère de ses erreurs, et elle était portée à penser que, peut-être, après tout, Graybridge avait jugé avec trop de sévérité la pauvre petite pensionnaire.

— Prenez votre thé, mon enfant ; je l’ai fait fort à votre intention. Essayez de vous contenir un peu, ma pauvre fille ; vous êtes bien jeune pour porter des vêtements de veuve ; mais son heure était marquée. Si chacun de nous avait travaillé autant que lui pour le bien de son prochain, nous pourrions mourir aussi tranquilles que lui.

Isabel repoussa les mèches emmêlées de sa chevelure qui lui couvraient le visage et elle embrassa la bonne femme.

— Vous êtes bien bonne pour moi, — dit-elle. — Vous me pensiez coupable autrefois, je le sais ; et alors vous étiez très-dure envers moi. Mais j’ai toujours voulu me bien conduire. J’aurais voulu être une sainte