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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/270

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LA FEMME DU DOCTEUR.

au château, les manières froides et réservées qu’elle avait prises pour de l’indifférence. Il ne lui était rien ; il n’était pas même son ami ; et, pour lui, elle avait cruellement offensé le défunt.

— Je serais le dernier à vous parler de Lansdell, — répondit Raymond lorsqu’elle se fut un peu calmée, — si les événements des deux derniers jours n’avaient pas renversé toutes les barrières. Le temps n’est pas loin, Isabel, où il n’y aura pas sur terre de bruit plus vain que le nom de Lansdell.

Elle releva brusquement son visage inondé de larmes et le regarda. Tous les nuages se dissipèrent et une horrible clarté se fit en elle ; elle le regarda tremblant des pieds à la tête et les mains convulsivement crispées sur son bras.

— Vous êtes venu pour m’apprendre quelque chose ! — dit-elle d’une voix étranglée ; — il lui est arrivé quelque chose !… Ah ! si c’est vrai, la vie n’est qu’une immense douleur.

— Il se meurt, Isabel.

— Il se meurt !…

Ses lèvres prononcèrent ces mots et son regard fixe s’arrêta d’un air égaré sur le visage de Raymond.

— Il se meurt ! Il serait insensé de vous leurrer de vaines espérances, quand tout sera fini demain. Il était sorti… à cheval… la nuit précédente, et il a été désarçonné, à ce qu’on croit. Il a été trouvé par des paysans, le lendemain matin de bonne heure, inanimé sur le sol, à quelques milles du château. On l’a rapporté chez lui. Les médecins n’ont aucun espoir de le sauver ; mais depuis il a repris connaissance. J’ai presque toujours été près de lui… je ne l’ai pas quitté, et sa cousine Gwendoline est près de lui. Il désire