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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/279

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LA FEMME DU DOCTEUR

chêne de lord Thurston ; il s’étendit avec complaisance sur l’ignorante simplicité d’Isabel, prenant sur lui le blâme de tout ce qui était coupable et répréhensible dans cette affaire sentimentale. Il dit à Gwendoline comment, après avoir été à demi amusé, à demi flatté, par l’admiration que ressentait pour lui Mme Gilbert, admiration qu’elle ne cachait pas, qu’elle révélait, au contraire, si naïvement dans chaque regard, dans chaque parole, il en était venu insensiblement à trouver le seul bonheur de sa vie dans ces rencontres romanesques ; puis il parla de ses luttes avec lui-même, luttes sincères, — de sa fuite, — de son retour, — de sa croyance présomptueuse qu’Isabel consentirait volontiers à tout ce qu’il lui plairait de proposer, — de sa colère et de son désappointement après l’entrevue finale qui lui prouva combien il était ignorant des profondeurs de ce cœur d’enfant sentimental.

— Ce n’était rien qu’une enfant jouant avec le feu, Gwendoline, — dit-il ; — et elle n’avait pas le moindre désir de traverser la fournaise. Ce fut là mon erreur. C’était une enfant, et je la pris pour une femme — pour une femme qui voyait le gouffre devant elle et qui était prête à faire le dernier bond. Ce n’était rien qu’une enfant charmée par mon beau langage, mes habits à la dernière mode, et mes mouchoirs parfumés, — rien qu’une pensionnaire ; et j’ai risqué ma vie contre la chance de vivre heureux avec elle. Essayerez-vous de la voir telle qu’elle est réellement, Gwendoline, et non comme les gens de Graybridge l’ont vue, et voudrez-vous vous montrer bonne pour elle lorsque je ne serai plus là ? J’aimerais à penser qu’elle aura pour amie une femme sensée et vertueuse. Je me suis montré très-