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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/288

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LA FEMME DU DOCTEUR.

mais le jeune homme l’avait regardé en souriant avec une nuance de dédain sur le visage.

— Il y a peu de passage de ce livre que vous pourriez me dire que je ne connaisse déjà par cœur, — dit-il en montrant la Bible que le prêtre tenait ouverte sous sa main. — Ce n’est pas le sceptique qui étudie le moins l’Évangile. Imaginez-vous un homme qui possède un globe de cristal qui ressemble à un diamant. Ses voisins lui disent que la pierre est incomparable… merveilleuse… qu’elle n’a ni éclat, ni tache. Mais un mauvais sentiment suggère à l’homme qu’il est possible que sa pierre n’ait aucune valeur, que ce ne soit qu’un gros morceau de verre. Vous pensez bien qu’il l’examinera de près ; il en scrutera chaque facette, il la contemplera sous toutes les lumières, et peut-être en saura-t-il beaucoup plus là-dessus que le possesseur qui a la foi et qui, plein de confiance dans la valeur de son trésor, l’enferme soigneusement dans un coffre-fort pour le retrouver au moment du besoin. Je sais de l’Évangile tout ce qu’on en peut savoir, monsieur Matson, et je pense, comme mes heures sont comptées, qu’il vaut mieux pour moi que je songe en paix à ces paroles familières. La lumière se fait lentement en moi ; mais elle vient d’un ciel bien éloigné ; aucune main humaine ne saurait soulever davantage le coin du rideau qui cache la splendeur entière. J’en suis très-rapproché maintenant ; je touche « à cette ombre, voilée des pieds à la tête, qui tient les clefs de toutes les croyances ! »

Le consciencieux pasteur ne voyait dans Lansdell qu’un pénitent peu docile ; mais c’était quelque chose d’entendre que le jeune homme ne raillait pas et ne ridiculisait pas la religion à son lit de mort ; et, certes,