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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/307

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LA FEMME DU DOCTEUR

Mordred et la voix tendrement grave de Roland résonnait encore à ses oreilles.

— Isabel, une lourde charge vous a été confiée ; M. Lansdell vous a légué la totalité de sa fortune.

Il est certain que Raymond s’attendait à un cri de surprise, à quelque témoignage d’étonnement à la réception de cette nouvelle ; mais les larmes d’Isabel coulèrent seulement avec plus d’abondance, et elle se cacha le visage dans le coussin du canapé.

— Vous doutiez-vous des intentions de Roland à cet égard ?

— Oh ! non… non !… je n’ai que faire de cette fortune ; je ne saurais m’en servir. Je vous en prie, faites-en don à quelque hôpital, à la condition qu’il portera son nom. C’est une cruauté de sa part d’avoir pensé que je pourrais me soucier de l’argent lorsqu’il serait mort.

— J’ai des raisons de croire que ce testament a été fait dans des circonstances toutes particulières, — dit Raymond ; — alors que Roland caressait des illusions à votre égard… illusions que vous avez dissipées vous-même plus tard. Le solicitor de M. Lansdell comprend parfaitement cela, lord Ruysdale et sa fille le comprennent aussi ; et l’héritage de cette fortune ne peut jeter aucune tache sur votre réputation. Si Roland avait vécu, il aurait sans doute fait quelque changement dans son testament. Mais, tel qu’il est, il est aussi valable qu’aucun de ceux qui ont été validés par la justice. Vous êtes très-riche, Isabel. Gwendoline, son père, et moi-même, nous sommes également légataires pour des sommes considérables ; mais le Prieuré de Mordred et la totalité des domaines des Lansdell vous appartiennent.