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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/36

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LA FEMME DU DOCTEUR.
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trois volumes et si, au dernier chapitre, je n’étais pas parfaitement dégoûté de mon héros, eh bien ! rien au monde ne pourrait me guérir.

Voici l’avis que Sigismund donna en partant à Isabel. Elle comprit son intention et lui en garda rancune. Elle commençait à sentir que le monde devinait sa folie et cherchait à l’en guérir. Oui : — elle était bien coupable, — bien folle. Elle le reconnaissait, mais elle ne pouvait s’en défendre. Et maintenant qu’il était parti, qu’il était loin, qu’il ne devait pas revenir, qu’elle ne contemplerait plus son visage, y avait-il du mal de ce qu’elle pensât à lui ? Elle y pensait tous les jours, à toute heure, sans réserve, sans essayer plus longtemps de s’abuser elle-même. Eugène Aram et Ernest Maltravers, le giaour et le corsaire étaient également oubliés. Le véritable héros de sa vie était venu : elle s’inclinait devant son image et lui rendait un culte incessant. Qu’importait-il ! Il était parti ! Il était aussi loin de sa vie que ces abstractions poétiques, MM. Aram et Maltravers. C’était un rêve comme tant d’autres de sa vie ; seulement il ne pouvait pas s’évanouir et se transformer comme avaient fait ceux qui l’avaient précédé.

CHAPITRE XXI.

« UNE FOIS ENCORE LA PORTE SE REFERME SUR MOI. »

Pendant tous les mois de l’automne, pendant le long et triste hiver, Mme Gilbert supporta l’existence en la maudissant. Tous les jours se ressemblaient ; ils étaient