Aller au contenu

Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
48
LA FEMME DU DOCTEUR.

manité ; car Roland marchait à ses côtés, et ne rencontrant pas le médecin il poussa jusqu’à Graybridge et ne quitta Mme Gilbert qu’à l’entrée de la ruelle poudreuse dans laquelle la lanterne rouge du docteur brillait déjà vaguement dans l’obscurité. Le maître du Prieuré de Mordred eût-il éprouvé le moindre sentiment de honte s’il avait rencontré Gilbert ? Il y avait chez Roland un air de résolution qui est celui de l’homme qui agit d’après un plan arrêté et qui ne pense pas à rougir.

CHAPITRE XXII.

« MON AMOUR EST UNE NOBLE FOLIE. »

Lansdell ne semblait pas pressé de faire connaître son retour à Mordred. Il n’affecta pas un air de mystère, il est vrai ; mais il se renferma chez lui la plus grande partie du temps, et ne sortit que bien rarement, excepté pour se promener dans la direction du chêne de lord Thurston, vers lequel, dans les froides après-midi du printemps, Mme Gilbert se dirigeait aussi, et où Roland et la femme du médecin se rencontraient très-fréquemment. Maintenant ce n’était plus tout à fait par hasard, car, en se quittant, Roland disait souvent, avec une indifférence suprême :

— Je suppose que vous dirigerez vos pas de ce côté demain… c’est la seule promenade convenable des environs… et je vous apporterai l’autre volume.

Lord Ruysdale et sa fille étaient encore à Lowlands ;