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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/289

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

voir rencontré que le froid, un temps gris qui m’oblige à porter des vêtements d’hiver. Mais cela ne peut pas durer longtemps. Une jeune verdure couvre les arbres, — toutes les rues en ont, — les roses, les lis, les fleurs d’oranger me font signe des terrasses et des jardins, et le soleil commence à se frayer une route à travers les nuages. Nous serons probablement demain en plein été.

Pendant les derniers jours que j’ai passés à Brooklyn, nous avons eu une tourmente complète, et lorsque je suis montée à bord, le froid était glacial. On voyait partout de la glace et des glaçons. Mes amis, Marcus, sa femme et leurs enfants, m’ont accompagné jusqu’au bateau. Marcus porta mes paquets, me recommanda au capitaine, en un mot pensa à tout. Étourdie par les présentations de personnes qui m’étaient étrangères, je fus obligée de m’enfuir dans ma chambre sans avoir pu causer avec mes amis et prendre congé d’eux. Je suis curieuse de savoir ce que tu dirais en voyant les hommes de mes amis m’embrasser fraternellement en me disant adieu et lorsque nous nous retrouvons après une longue absence. Cela paraît fort naturel et convenable ici. Je me suis abandonnée pendant assez longtemps au chagrin lorsque les Spring m’eurent quittée, et que les vagues, en roulant, m’emportaient et m’éloignaient davantage d’eux.

Tout le premier jour du voyage a été froid, sombre ; je grelottais, j’évitais tout le monde, excepté deux quakers « des amis » (nom qu’on leur donne ordinairement dans ce pays), mari et femme, avec lesquels j’avais fait un peu connaissance, et qui me plaisaient par leur calme leur personne pacifique et silencieuse. Ils avaient un peu dépassé la première jeunesse : la femme portait l’un de ces visages purs et jolis que l’on rencontre si souvent chez les