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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/353

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

tre, étaient portées sur leurs ailes d’une rive à l’autre et libres de sucer toutes les fleurs des champs !

Je m’assis sur un rocher qui descendait dans la rivière avec des recoupements commodes, et près duquel croissaient de belles plantes sauvages. Je bus à grandes gorgées l’élixir de vie que l’esprit et la nature me présentaient. J’ai souvent pensé qu’on ferait bien de placer le champ de repos sur les bords des eaux courantes ou de les y faire passer ; ce symbole serait beau et frappant. La rivière que je voyais ici était la « Ocmulgee, » mot indien qui signifie « la belle. » La teinte chaude et rougeâtre de ses eaux paraît appartenir à presque toutes les rivières du Sud, depuis Rio-Colorado, dans le Nouveau-Mexique, jusqu’à la Savannah, la Péedee et autres de l’Est. Cette couleur provient, dit-on, de la terre sablonneuse rougeâtre, commune à tous les États du Sud ; elle tranche d’une manière particulièrement agréable avec la riche verdure des plantes vert clair des rives. L’Ocmulgée est, du reste, une rivière rapide, a des eaux abondantes, et se montre digne en tout de son nom. On ne voyait ici, tant que la vue pouvait s’étendre, ni hommes ni maisons. La solitude était profonde.

Je serais volontiers restée un jour de plus à Mâcon et dans ses beaux environs ; mais, lorsque je revins dans mon hôtel, un monsieur comme il faut et honorable, qui devait aller au séminaire de Montpellier pour y chercher sa fille, me proposa de faire le voyage dans sa voiture. Ne sachant pas si M. Eliott était prévenu du jour de mon arrivée à Mâcon, désirant lui éviter la peine de m’envoyer chercher (il n’y a pas ici de chemin de fer ni de diligence pour Montpellier), et ce monsieur me paraissant, du reste, très-bien, j’acceptai sa proposition avec reconnaissance, en demandant à la maîtresse d’hôtel la permission de laisser mon