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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/392

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LA VIE DE FAMILLE

Le lendemain de ma visite aux mangeurs de terre glaise, j’ai assisté à une solennité, la remise d’une épée d’honneur, au nom de l’État de Géorgie, à un jeune officier d’Augusta qui s’était distingué et avait été grièvement blessé durant la guerre contre le Mexique. On avait dressé une estrade dans un petit parc près de la ville ; elle était entourée d’une galerie dont les siéges disposés en amphithéâtre étaient couverts de spectateurs. L’épée fut remise au jeune officier sur l’estrade ornée de tapis et de drapeaux. Cette scène en plein air, à l’ombre de ces beaux arbres, était fort jolie ; seulement il y eut trop et de trop longs discours. Le héros du jour me plut, parce que, dans le sien, il nomma avec éloge et amour plusieurs de ses camarades qui avaient combattu avec lui et lui paraissaient mériter mieux cette distinction. Il raconta leurs exploits et s’étendit sur ce sujet de tout son cœur. L’auditoire l’applaudit vivement. J’admire toujours l’extrême facilité que les Américains ont à parler ; mais lorsque leurs discours se multiplient et sont trop longs, je pense aux paroles de M. Poinsett : « C’est un grand malheur. » Après la cérémonie, on tira des coups de fusil tellement retentissants qu’il y avait de quoi devenir sourd.

Le héros du jour descendit de l’estrade et fut entouré par la masse de ses amis et connaissances ; son épée d’honneur avec garde en argent, son inscription et son ceinturon passèrent de main en main. Ensuite la musique joua, et la compagnie fit sous les arbres, éclairés avec des lampes de couleur, une promenade dansante dont la soussignée et le jeune héros formèrent le premier couple ; puis tout le monde dansa. Une foule de petites filles se distinguèrent dans cet exercice, ce qui présentait un joli coup d’œil, quoique je n’aime pas à voir de jeunes enfants aussi parés, et