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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/43

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

procher aux Américains. « La vie est courte, » disent-ils en se dépêchant d’avancer. Ils laissent de côté toutes les formes et les cérémonies qui pourraient suspendre les affaires necessaires de la vie, et font celles-ci aussi promptement que possible. Ils s’arrêtent cinq minutes seulement pour se marier et recevoir la bénédiction nuptiale en costume de voyage, afin de se mettre promptement encore en route pour Niagara ou tout autre lieu. Mais je dois dire que la forme seule était légère dans cette circonstance. Évidemment il y avait de la gravité dans tous les cœurs ; et même cette cérémonie si courte portait le sceau d’une profonde et solennelle gravité. Il était facile de voir qu’il ne s’agissait pas d’un jeu, d’un acta léger, mais d’un engagement fort sérieux. Beaucoup de personnes étaient émues, quelques-unes pleuraient ; elles pensaient probablement à la première noce qui avait eu lieu dans la maison. Le vieux domestique (un nègre) qui offrait des bonbons avait une de ces expressions dans lesquelles on lit tout un chapitre de la vie intérieure d’une famille, vie d’amour où le vieux serviteur comprend qu’il fait partie des membres de cette famille.

Bien des personnes désapprouvent ces mariages en costume de voyage et au pied levé ; elles les voudraient plus solennels. Aussi n’est-ce pas la seule manière de procéder à cet acte dans ce pays. Il y a des mariages du soir, où la mariée est habillée à peu près comme chez nous, où tout se passe avec la même solennité, excepté que la mariée n’est pas montrée au peuple entourée de lumières, de pots à feu, de filles de noce. Cet usage n’existe plus qu’en Suède, je crois.