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Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/131

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maison qu’une princesse de Russie ; on sait quelle part avait eu la vanité dans l’ordre et la pompe des cérémonies ; on s’était réglé trait pour trait sur le cérémonial suivi au mariage de Louis XVI, que l’empereur appelait souvent son prédécesseur, et quelquefois son pauvre oncle ; on avait transcrit mot pour mot le contrat de mariage de l’infortunée Marie-Antoinette ; afin que rien n’y manquât, on avait consulté gravement M. de Dreux-Brézé, le grand-maître de 1789, le Dreux-Brezé de Mirabeau, lequel avait répondu gravement et de point en point. La Providence, hélas ! se chargea de pousser jusqu’au bout la contrefaçon, et, catastrophe pour catastrophe, d’égaler pleinement la copie à l’original.

Il était onze heures et demie, j’avais pris poste près de la porte principale, dans un angle de la salle ; je regardais vaguement le bal, comptant, je ne sais pourquoi, le nombre des issues ménagées de trois côtés, me rappelant, je ne sais non plus pourquoi, que, l’avant-veille, au bal de l’hôtel des Invalides, toute la compagnie était renfermée dans une cage de bois, bien close de toutes parts, en sorte que, si le feu y avait pris, personne n’eut échappé, lorsque, levant les yeux au plafond, je vis