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Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/223

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ce récit, M. Miège, depuis consul général à Malte, et M. Desage, tout jeune alors, et qui, de 1830 à 1848, a joué, comme directeur de la division politique aux affaires étrangères, un rôle modeste mais important.

Quant à moi, mon nouveau chef me mit la bride sur le cou ; il me laissa libre de me loger où je pourrais et de faire de mon temps tel usage que bon me semblerait. Je n’étais nullement dans ses bonnes grâces ; il se méfiait de moi, je ne sais trop, ou plutôt je sais trop bien pourquoi.

M. Bignon était un serviteur fidèle et plus que fidèle, zélé et plus que zélé, tranchons le mot, un serviteur passionné de l’empereur et du régime impérial. Ministre à Varsovie avant la guerre, il avait été laissé, comme je l’ai dit, dans cette résidence avec la mission confidentielle de surveiller l’archevêque de Malines et son ambassade. Il savait à quoi s’en tenir sur mon compte. Il savait qu’en m’exprimant avec convenance sur le gouvernement que je servais, je n’en éprouvais ni n’en affectais le fanatisme. Mes liaisons lui étaient suspectes. N’ayant plus désormais rien à faire, sinon de surveiller la fidélité des pauvres Polonais et de rendre compte de l’état des esprits, si j’avais été de dis-