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Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/267

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Le lendemain, je me levai à la pointe du jour ; j’éveillai mon voisin, M. de Norvins. Nous nous étions donné rendez-vous. Nous remontâmes rapidement le boulevard et les rues qui se dirigeaient vers la barrière de Clichy. Repoussés par les troupes qui gardaient cette barrière, nous suivîmes le mur d’octroi jusqu’à la barrière du faubourg Saint-Antoine. Toujours écartés, et non sans raison, par les gardes nationaux et les soldats, nous entendions se rapprocher de plus en plus, la canonade et la fusillade. Nous redescendîmes ensuite le boulevard, où la foule commençait à s’accumuler, et parvînmes sans obstacle sur les hauteurs de Mousseaux. De là nous vîmes très distinctement les forces de l’armée alliée se déployer, et quelques tirailleurs, sortis des barrières, engager de légères escarmouches sans portée et sans conséquence. Personne ne semblait commander à Paris ; la garde nationale manquait de fusils ; rien ne provoquait les habitants à la résistance.

Revenus sur le boulevard, entre la Madeleine et la rue Montmartre, il nous parut que la foule avait changé de caractère ; ce n’était plus une cohue effarée de gens appartenant à toutes les conditions de la vie : la foule était presque exclusivement com-