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Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/29

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ma mère à Vesoul, nous restâmes, mes sœurs et moi, confiés à des domestiques. Un homme excellent, M. Ali, habitant d’un bourg nommé Ormoy, et situé à quelques lieues de Samt-Remy, me prit chez lui pendant quelques mois ; il avait deux neveux, l’un homme fait, bien que jeune encore, ayant même déjà servi comme volontaire au siège de Luxembourg, l’autre à peine âgé de quinze ou seize ans. Par je ne sais quelle raison de famille, le premier se nommait Trémolière, et l’autre Saint-Jules. Trémolière était aimable et avait l’esprit cultivé ; Saint-Jules n’était encore qu’un grand enfant. J’ai passé de très bons moments dans le sein de cette famille dont le cours des événements m’a séparé de très bonne heure, et qui s’est éteinte, ainsi que je j’ai appris, cinquante ans après l’époque dont je parle, dans une modeste et paisible obscurité. Chose étrange, on ne se serait pas douté dans le bourg d’Ormoy que nous vivions sous le régime de la Terreur.

Durant les mois qui précédèrent la translation de mon père à Paris, on m’a conduit plusieurs fois à Gray. Je l’ai vu dans sa prison, quelques jours avant son départ. Je tiens de M. Clément du Doubs, qui le rencontra sur la route de Paris, conduit par