Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/315

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Rassuré par ses amis, il revint. L’empereur, plus malin que lui, qui pourtant l’était beaucoup, voulut le voir. Il le vit, et Benjamin Constant sortit de l’entrevue aussi convaincu des bonnes intentions impériales qu’il pouvait l’être de quelque chose, ce qui, à la vérité, n’était pas beaucoup dire.

En entrant dans le grand appartement qu’il occupait dans la rue Saint-Honoré, je vis au pied de l’escalier une voiture de remise attelée, et dans l’antichambre, un habit de conseiller d’État, étalé sur un canapé. Dans le salon, Benjamin Constant était établi auprès de M. de Humboldt, ils s’endoctrinaient réciproquement ; j’ai lieu de croire que M. de Humboldt était pour quelque chose, voire même pour quelque chose de plus que quelque chose dans la conversion de son interlocuteur ; en tout cas, c’était lui qui riait dans sa barbe et qui se frottait les mains en sortant.

Benjamin Constant n’entra, vis-à-vis de moi, dans aucune explication. Je ne lui en demandai point. Nous prîmes l’un et l’autre la situation telle qu’elle était : je me bornai à lui dire, et bientôt à lui répéter qu’il y allait de son honneur de ne montrer aucune faiblesse à l’égard de l’empereur ; de ne