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Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/316

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fléchir sur aucun principe, et d’armer la France de toutes pièces contre le retour trop probable du despotisme. Il en convint, nous passâmes en revue les points essentiels, et nous ne fûmes en dissentiment que sur un seul : l’hérédité de la Chambre des pairs. Je soutenais qu’une Chambre des pairs héréditaire contre laquelle protesteraient, par leur absence ou par leur refus, tous les noms historiques de l’ancienne France, et beaucoup des noms de la France nouvelle, serait discréditée, de prime abord, et incapable de rien faire de bon ni d’utile. M. de Humboldt m’appuya. Nous cherchâmes d’autres combinaisons sans parvenir à nous accorder et je vis bien qu’au fond tout était déjà décidé.

Je rendrai, d’ailleurs, à Benjamin Constant cette justice, qu’il n’essaya pas d’exercer sur moi le genre de séduction qui ne lui réussit que trop sur un homme qui paraissait plus difficile à gagner, sur Sismondi, l’historien des républiques italiennes : esprit éclairé, libéral, honnête, désintéressé, et dont il fit, contre toute attente, un bonapartiste de circonstance.

Témoin de cette manœuvre à laquelle je ne pouvais rien, connaissant à peine Sismondi, n’ayant