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Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/317

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aucun droit de lui offrir mes conseils, je me rappelai par occasion ce qui m’avait été raconté d’une comédie ou proverbe, joué quelques années auparavant sur le théâtre de Coppet et dont le singulier sujet était la tentation dans le paradis terrestre. Benjamin Constant y figurait le tentateur et s’en acquittait, m’a-t-on dit, avec un art, une verve, un entrain plus dignes d’admiration que d’envie.

Quoi qu’il en soit, s’il réussit, le mal ne fut pas bien grand. Sismondi était étranger, membre du conseil représentatif de Genève, attaché à son pays ; lors même que son noble caractère ne l’en eût pas préservé, il était impossible de l’enrôler au service de l’Empire. Tout se réduisit, de sa part, à l’approbation des Cent-Jours, et c’était déjà beaucoup trop, à quelques articles insérés dans le Moniteur en défense de l’acte additionnel ; plutôt enfin à une manifestation contre les Bourbons et l’ancien régime qu’à tout autre chose.

Il parut enfin, cet acte additionnel ; il fut soumis, par oui et par non, à la sanction du peuple, et l’obtint aussi facilement que l’avaient obtenu ses devanciers et que l’obtiendront ses successeurs. Il fut en même temps accueilli avec une réprobation