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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/269

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sanction est par le patron jugée inévitable — ce cas est plutôt rare — cette sanction est d’autre sorte ; si elle atteint le porte-monnaie de l’intéressé, ce n’est que d’une manière assurément détournée.

Les occasions sont fréquentes de faire sentir au correcteur cette responsabilité qui lui incombe dans sa correction. Au moindre accident, « tout le monde, depuis le directeur jusqu’à l’homme de peine qui a ficelé le paquet, ne manque pas d’opiner : « Ce correcteur n’est pas sérieux !… Il n’en fait jamais d’autre ! » — Qu’importe si la faute est le fait du typographe ou provient d’un accident en cours de tirage ! Chacun a le droit de faire connaître son appréciation, de dire son mot » ; le correcteur, lui, a celui de… se taire.

« Le correcteur est responsable de ses corrections » : c’est dès lors pour lui non seulement un devoir, mais aussi un droit strict de veiller soigneusement à ce que ses corrections soient rigoureusement exécutées.

Le correcteur ne peut ignorer qu’il aura maintes fois, au cours du travail, à lutter contre la résistance froide, la puissance d’inertie de certains ouvriers dont les excuses malicieusement combinées reçoivent trop souvent en haut lieu un agrément regrettable. S’il ne possède une main ferme, il ne comptera bientôt plus les déboires qu’il aura à supporter, les reproches qu’il devra subir. Qu’il sache bien qu’une fois ouverte à de tels abus, la porte redoutable qu’il n’a su tenir close ne pourra que se refermer sur sa situation et sur… lui-même.

Aussi, autant pour se faciliter sa tâche que pour posséder cette main ferme — il serait trop osé de dire « une main de fer, » — le correcteur devra habilement habituer le personnel à une méthode régulière : l’accoutumance sera prompte, et les difficultés de courte durée, si la manière est adroite, si elle est continue et, surtout, si elle s’appuie sur des principes.

La correction ne saurait jamais être fantasque, difficile à comprendre ou n’avoir de règle que le hasard d’un lever heureux ou malheureux. Les auteurs ont maintes fois basé les règles typographiques sur un fatras de discussions ; ces discussions, indispensables peut-être en théorie, n’ont rien qui vaille en pratique. Ce qui seul importe dans ce cas, et ici la pratique seule est en cause, c’est « énoncer claire-