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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/226

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ainsi plus difficile à surmonter que dans le système à serrage par noix où le compositeur, faisant usage de ses deux mains, utilise toute sa force par l’intermédiaire de la clé à T.

d) Le serrage Hempels est une combinaison du système à crémaillère et du biseau à rainure. Il se compose essentiellement de deux coins évidés de manière particulière et portant chacun un biseau en saillie accompagné de crémaillères latérales taillées sur la moitié environ de leur longueur. Par la réunion de deux coins, lors du serrage, les biseaux glissent l’un contre l’autre par leurs faces semblables. La partie supérieure de chaque coin est renforcée par une partie pleine portant un léger évidement pour le passage du biseau opposé, si le serrage le nécessite ; cette entaille contribue à la solidité du serrage, en empêchant le renversement des deux biseaux l’un par rapport à l’autre. Le serrage a lieu par l’intermédiaire d’une clé spéciale à nervures, agissant simultanément sur la crémaillère des deux coins opposés ; il se produit, comme dans le biseau à rainures, par suite de la « venue au contact de parties de plus en plus fortes ».

Ce système de serrage est fort répandu ; convenablement disposé et utilisé par un imposeur sérieux, il présente des garanties de solidité fort appréciables en raison de sa longueur, qui varie généralement de 7 à 10 centimètres ; en outre, à l’instar des autres serrages en fer, il est théoriquement indesserrable.

Cependant le serrage Hempels présente un grave inconvénient. Dans ce système, une condition essentielle du serrage est, on l’a vu, le glissement en sens inverse des deux coins l’un contre l’autre. Chaque coin possède donc un mouvement propre : l’un se meut sur la bande du châssis ; l’autre, sur la réglette bordant la composition. Le premier de ces mouvements est nécessaire ; il est inoffensif, car il a lieu sur une surface pratiquement immobile ; il est, d’ailleurs, analogue à celui qui découle de tout système quel qu’il soit, même du serrage avec coins en bois. Mais il en est tout autrement du second : trop fréquemment, surtout lorsque l’ouvrier est sur le point d’atteindre la limite convenable du serrage, le texte a tendance à « jouer », ou, pour mieux dire, à suivre le mouvement du coin ; que cette limite soit dépassée, et le mal est irréparable, surtout dans les pages à tableaux : les cadres sont déformés, les filets courbés, les interlignes faussées. — Aucun des autres serrages énumérés précédemment ne présente un semblable inconvénient ; dans tous, en effet, le mouvement enregistré doit théoriquement et pratiquement s’exercer exclusivement le long de la bande du châssis.

En outre, dans ce système, comme dans presque tous les modèles