Aller au contenu

Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/230

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

obligé, en raison de la manutention qu’il doit opérer, d’assurer à la forme une solidité à toute épreuve, serre fortement : l’emmanchement du marteau ou du maillet est plus long. Une limite s’impose, d’ailleurs, ici naturellement : un emmanchement long est pour l’avant-bras une cause incontestable de fatigue inutile ; le marteau « est moins en main », et le choc répété sur un même point moins exact.

c) Le décognoir est un outil d’une longueur approximative de 15 centimètres : l’une de ses extrémités, ronde et renforcée, reçoit le choc du maillet, alors que l’autre, plus mince, appuyée sur le coin, aide à le chasser aisément, lors du serrage ou du desserrage de la forme. En raison de sa destination — intermédiaire entre le marteau qui frappe et le coin qui résiste — le décognoir doit être confectionné avec soin. Il se fabrique en bois ou en fer.

Dans le premier cas, le décognoir est en bois des Îles (gaïac) ou, plus fréquemment, en buis d’excellente qualité, afin de subir sans dommage le double effort auquel son rôle le condamne : un buis tendre s’émousserait trop rapidement et formerait, à l’une et à l’autre extrémité, un bourrelet gênant qui occasionnerait rapidement la mise hors d’usage de l’outil. L’extrémité du décognoir destinée à chasser le coin ne doit pas être trop mince : elle risquerait en effet de se fendre rapidement.

Le décognoir en bois est aujourd’hui d’usage plutôt exceptionnel ; presque partout on emploie le décognoir en fer, plus robuste, plus résistant. Ce dernier possède d’ailleurs cet avantage que, même sous une épaisseur minime, il présente aux divers efforts auxquels il est soumis un coefficient, de résistance que ne peut offrir le décognoir en bois. Par contre, les coins en bois, dans un serrage un peu énergique, souffrent gravement de son emploi et ne tardent pas à être mis complètement hors d’usage.

En principe, l’emploi du décognoir devrait être surtout réservé au desserrage des formes ; en pratique, il est aussi, et très fréquemment, utilisé pour augmenter, pour terminer le serrage, particulièrement là où le marteau, en raison de la place trop restreinte, ne peut plus utilement atteindre le coin, sans risque pour la garniture ou la composition.

Pour faciliter la poussée, ou mieux la chasse du coin, le décognoir est encoché à sa partie inférieure : certains préfèrent le décognoir à simple bec ; d’autres, le décognoir à double bec. L’encoche est destinée à séparer et à permettre d’appuyer sur le coin l’une ou l’autre corne. Lors du serrage, sous le choc du marteau, le talon bute sur la tête du coin ; le nez s’appuyant sur le coin lui-même empêche sa levée et l’oblige à progresser suivant une ligne horizontale. Le pied du décognoir est suffisamment