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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/359

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des ouvrages les plus estimés encore, malgré l’époque un peu éloignée déjà où il fut conçu et exécuté, dit nettement : « La division des mots à la fin des lignes se fait entre chaque syllabe, de notre épellation » ; et, en note, il ajoute : « Nous disons de notre épellation parce que nous pensons, avec M. Frey, qu’elle doit avoir la préférence sur la division exclusivement étymologique, qu’on ne peut suivre, dans un très grand nombre de cas sans nuire d’une manière sensible à cette épellation. »

Dans un paragraphe spécialement consacré à l’étude de la division, M. Daupeley-Gouverneur conclut ainsi : « Elles (les deux façons de diviser les mots) ont toutes deux des partisans armés de bonnes raisons, et il nous serait peut-être difficile de fixer notre choix, si nous ne savions par expérience que l’une a sur l’autre l’avantage d’assurer l’uniformité de marche. Pour ce motif, nous n’hésitons pas à nous prononcer en faveur de l’école qui divise suivant l’épellation française.

M. J. Claye (Manuel de l’apprenti compositeur) est plutôt partisan d’un système mixte : « Les mots ne se divisent pas indifféremment comme le hasard de la composition le produit. Ils doivent être coupés par syllabes et selon leur étymologie. » Et plus loin, développant sa pensée, d’accord un peu en cela avec d’autres auteurs, M. J. Claye ajoute : « Pour les mots dérivés du grec ou du latin on doit observer l’étymologie et diviser d’après elle. »

Tel n’est point l’avis de l’auteur des Règles de la composition typographique. Dans son petit volume (p. 10, 12-13), M. D. Greffier écrit : « Les mots doivent être divisés par syllabes comme dans l’épellation. » — Pour lui, « dans le français l’étymologie ne peut régler la coupure des mots », et « la coupure soi-disant étymologique, préconisée par quelques correcteurs, n’est vraiment heureuse que lorsqu’elle est d’accord avec l’épellation ».

M. Leclerc, dans son Nouveau Manuel, guide précieux et maniable par excellence, est partisan du système syllabique ou d’épellation : « À notre avis, il faut employer la division par épellation de préférence à celle purement étymologique ; outre que la seconde peut nuire sensiblement à cette épellation, elle exige du compositeur une certaine somme de capacités grammaticales qu’il ne possède pas toujours. » Toutefois, après avoir développé plus longuement sa pensée, après avoir cité les lignes et la démonstration si éloquentes de Daupeley-Gouverneur, M. Leclerc ajoute : « Néanmoins, il est des cas où l’étymologie doit toujours primer l’épellation : elle sera donc observée (l’étymologie) toutes les fois que les fragments de mots résultant de la coupure n’en souffriront pas dans leur physionomie ni dans leur prononciation. » Et, comme fragments de mots ne souffrant pas, dans leur prononciation, de la coupure étymologique, l’auteur du Nouveau Manuel fait figurer :

Dés-abuser[1], dés-agréable, dés-aveu, dés-obliger, mal-adroit, mal-habile, més-alliance, més-aventure, sub-aigu, sub-alpin, sub-alterne, sub-urbain, sur-abondant, sur-aigu, sur-exciter, syn-optique.

  1. Ne figurent ici que deux ou trois mots de chaque série. M. Leclerc indique, pour tous les préfixes dés, mal, més, sub, sur, syn, qu’il cite, la même manière de diviser que pour les mots rappelés dans cet exemple.