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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/361

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tions, furent obligés d’en revenir au système syllabique, à la grande joie peut-être de leurs adversaires.

Sans vouloir renouveler ces luttes un peu lointaines déjà, et sans doute homériques eu égard au sujet qui les avait provoquées, le système étymologique a encore ses défenseurs.

Si MM. Frey, Daupeley-Gouverneur, Théotiste Lefevre, D. Greffier, V. Breton, Tassis sont nettement partisans du système syllabique, si MM. J. Claye et Leclerc, tout en préconisant la division par syllabe, admettent également, quoique dans de moindres proportions, la coupure étymologique, il est d’autres auteurs qui, eux, semblent plutôt favorables à l’étymologie, aux dépens de l’épellation.

Dans le Vade-Mecum du Typographe, dont une deuxième édition a été publiée à Bruxelles en 1894, M. Jean Dumont reconnaît que cette question de la division « a donné et donne encore lieu à de nombreuses controverses » ; mais, ne désirant point faire un cours d’étymologie », il se contente simplement, sans entrer dans le fond de la question, d’émunérer rapidement les règles les plus usuelles.

Toutefois, avant de terminer le paragraphe intitulé Division des mots et mauvaises coupures, il ajoute : « Voici, pour servir de guide, quelques exemples de bonnes divisions », parmi lesquelles on peut choisir les suivantes qui paraissent répondre plus particulièrement à la pensée de l’auteur :

  ab-solution, en-ivrer, ob-struer,
ab-sorber, en-orgueillir, per-oxyder,
abs-tention, exa-gérer[1], pré-occuper,
abs-traction, exi-ler, pres-byte,
ab-surde, fais-ceau, pre-science,
apo-stasie, hémi-sphère, pro-scription,
apos-tille, in-habile, prot-oxyde,
atmo-sphère, in-struction, ré-agir,
auto-chtone, in-oculer, ré-installer,
brom-hydrique, in-odore, ré-unir,
cata-strophe, més-alliance, sou-scrire,
con-science, més-unir, sous-traire,
dés-agréger, micro-scope, sub-aigu,
dés-unir, minis-tère, sulf-hydrique,
dia-stase, non-obstant, téle-scope[2],
dis-tance[3], ob-scurément, trans-action.

M. Jean Dumont est, on le voit, plutôt favorable à la division étymologique, bien qu’il n’ait pas une opinion ferme à cet égard, puisqu’il refuse de prendre parti.

On ne peut s’empêcher de remarquer la bizarrerie, plutôt choquante, de certaines des divisions que nous avons tenu à citer : en-ivrer, in-habile, in-oculer, in-odore, més-unir, prot-oxyde, téle-scope, et dont nous étudierons plus

  1. La division étymologique serait : ex-agérer (de ex et ago).
  2. Avec cette division la prononciation, complètement viciée, devient, téles-scope, au lieu de té-less-ko-p’, telle que la figure Littré.
  3. Cette division n’est pas étymologique : les racines du mot sont en effet : de (loin de), stare (se tenir).