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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/363

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immédiatement : « Toutefois, cette règle n’est pas constamment d’une application possible ; elle a ses limites, qu’il est facile au typographe de reconnaître[1] (? !). Ainsi la division étymologique ne peut avoir lieu qu’autant qu’elle n’est pas contraire à la prononciation (n’est-ce pas ce que nous disions il y a un instant ?) ; on ne coupera donc pas de-scription, mon-arque, téle-scope. » Voilà ici M. Fournier bien loin du principe qu’il posait, il y a quelques minutes et ne se préoccupant plus en quoi que ce soit de la grammaire (l’étymologie, évidemment, dans l’espèce), « guide que l’imprimerie doit suivre avec docilité » !

Tout aussitôt, cependant, donnant encore raison, en les commentant et en les expliquant, à notre raisonnement, à notre désir « de mitiger, d’améliorer, dans quelques rares circonstances, le système syllabique par la division étymologique », quand les deux systèmes peuvent sembler d’accord, M. Fournier ajoute : « Les ouvrages scientifiques exigent les divisions étymologiques ; la valeur des mots y serait inintelligible si leur formation n’y était pas clairement indiquée. »

D’accord, et fort bien ! Voilà certes quelqu’une des rares circonstances (et encore pourrait-on presque restreindre ces cas aux ouvrages linguistiques !) qui paraissent légitimer les dérogations à la règle de la division syllabique et qui confirment cette règle, tout en y faisant exception.

Nous sommes en effet persuadés que la division syllabique peut être appliquée, sans offenser le bon goût, sans choquer ni l’œil ni l’oreille, et surtout sans contrecarrer les connaissances littéraires, quelles qu’elles soient, du lecteur, dans presque tous les cas où la coupure d’un mot est nécessaire, à condition bien entendu que ce mot puisse être divisé.

Il n’en est nullement de même, on l’a vu plus haut par les quelques exemples cités au hasard de la plume, avec le système de la division étymologique.

Dès maintenant s’impose une constatation : tous les auteurs (MM. J. Claye, Leclerc, Jean Dumont, Fournier), plus ou moins partisans de la division étymologique, sont obligés d’avouer les trop multiples défauts de ce système et de reconnaître qu’il est absolument inapplicable dans de nombreuses circonstances. Le fait, est à retenir.

Ces écrivains cependant n’ont étudié la question que superficiellement et comme en passant. Avec M. E. Desormes il en est tout autrement. Cet auteur, ex-directeur de l’École professionnelle Gutenberg, occupant de ce fait une situation prépondérante dans le monde typographique, est un de ceux qui se sont le plus longuement occupés de cette question de la division. Dans son livre les Notions de Typographie, il a rassemblé avec un soin jaloux, en un faisceau qu’il a voulu rendre indissoluble, tous les arguments de ses devanciers et les siens propres en faveur de la division étymologique. Il n’est pas inutile dès lors de s’arrêter quelques instants et de reprendre un à un, si l’on peut dire,

  1. Comment un compositeur pourrait-il reconnaître ces limites, alors que les premiers principes d’étymologie dont il aurait besoin pour opérer cette division pourtant élémentaire de in-scription, con-stitution, peuvent lui manquer, comme le suppose M. Fournier.