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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/418

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Sans plus de façons, un écrivain renommé imitera cet exemple :

On loue dans les Oraisons funèbres de Bossuet ou dans les Sermons de Bourdaloue ce qu’on louerait aussi bien dans le Discours sur la Couronne ou dans les Verrines… (Brunetière.)

Dans la hâte fiévreuse d’une rédaction de faits divers, un journaliste griffonne :

Des cambrioleurs se sont introduits par effraction dans le Musée départemental des antiquités et se sont retirés en emportant quatre émaux de Limoges : Jésus au jardin des Oliviers, le Baiser de Judas, la Flagellation et l’Ecce Homo.

Les mots sont particulièrement choisis, la coordination des termes est parfaite, et — le lecteur voudra bien le croire — la phrase est claire, noble (?), harmonieuse : il n’y manque rien, peut-on dire.

Hélas, si ! quelque chose manque, et ce quelque chose — la précision des intitulés — fera le désespoir du compositeur… et du correcteur.

Constructeurs et armateurs ont-ils dénommé leur paquebot Armand-Béhic, ou, adjoignant à ce nom un article, l’Armand-Béhic ? — Au contraire, les exigences de l’harmonie, la nécessité d’obtenir une phrase souple, agréable à l’oreille, le génie de notre langue ont-ils seuls imposé au romancier ce déterminatif ?

Sur le cartouche, l’artiste émailleur avait-il inscrit : la Flagellation, le Baiser de Judas, l’Ecce Homo, ou simplement Flagellation, Baiser de Judas, Ecce Homo ?

Ne peut-on soutenir avec quelque raison que la phrase de M. Brunetière contient certaines inexactitudes… de composition typographique ? En parlant des oraisons funèbres ou des sermons, il semble bien qu’ici il faut songer non pas au livre, au recueil contenant l’ensemble, la majeure partie des discours de Bossuet et des prônes de Bourdaloue, mais seulement au texte, aux phrases elles-mêmes de ces oraisons funèbres et de ces sermons : l’emploi de l’italique ne saurait donc se justifier. — D’autre part, dans le texte grec original du titre, le mot Discours n’est pas mentionné, et ici encore l’usage de l’italique ne peut s’expliquer.

Quelques écrivains typographiques ont évidemment recommandé de ne mettre le, la, les, etc., en italique, que lorsque les mots le vaisseau, le volume, le journal, la revue, l’ouvrage, la statue, ou la dénomination appropriée, précèdent le nom du vaisseau, de la revue, du journal, etc.

D’autres, pour éviter cette anomalie d’un déterminatif tantôt com-