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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/476

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« Si les nombres constituent seuls une opération, leur superposition rigoureuse s’impose ; aussi leurs tranches seront-elles séparées systématiquement, soit par le gros point, — et les décimales par la virgule de même force, — soit par le demi-cadratin, tous trois de force semblable et égale à celle des chiffres qu’ils accompagnent. »

Le Traité de Typographie de Henri Fournier passe sous silence ce point particulier de la séparation des tranches de trois chiffres ; mais de l’examen du texte lui-même il faut conclure que cet auteur attache à cette question une importance toute secondaire : on rencontre, en effet, tantôt la virgule (p. 58 et 59) et tantôt le point (p. 245 et suiv.).

A. Tassis, qui généralement est assez précis, ne semble pas avoir une opinion très nette sur cette question. À la page 53 du Guide du Correcteur, il écrit :
xxxx « La virgule est nécessaire après le chiffre indiquant les mille, les millions, les milliards, lorsqu’il s’agit de sommes :

1,425,xxxxxxxxxx361,270,xxxxxxxxxx486,327,345. »

La virgule est nécessaire dans les sommes : voilà qui est clair ; mais presque aussitôt Tassis ajoute :
xxxx « Dans les sommes, la virgule peut être supprimée et remplacée par un blanc :

23 467 238,xxxxxxxxxx142 341 275. »

La lecture des pages suivantes du même Guide prouve que, sur ce point de la séparation des tranches de chiffres, Tassis, à l’ordinaire de bon conseil, est parfois distrait, lui aussi.

Dans le Nouveau Manuel de Typographie, M. A. Muller[1] fait preuve d’un réel éclectisme :
xxxx « Pour la facilité de la lecture des nombres, on sépare les centaines, les mille et les millions, par des points, des virgules ou des blancs. Le mode à adopter n’est qu’une affaire de goût et d’appréciation[2]. »
xxxx Ainsi donc nul besoin de s’embarrasser de considérations étrangères ; ce qui seul importe, c’est le goût, l’appréciation d’un chacun. À la vérité, c’est beaucoup si l’on considère le nombre des imprimeurs, et conséquemment celui des auteurs, des correcteurs et des compositeurs de France et de Navarre ; mais c’est… bien peu, si l’on se fie entièrement au manque de goût dont trop d’entre eux font preuve.
xxxx Tout au moins, M. A. Muller aurait-il pu nous faire connaître ses préférences ; il a mieux aimé laisser au lecteur le soin de cette découverte : le point, si l’on s’en rapporte au chapitre Composition des Calculs[3]. Encore, cepen-

  1. Nouveau Manuel de Typographie, p. 95.
  2. Il en est de même pour les décimales, que l’auteur sépare indifféremment par des virgules, des blancs et même des points retournés (p. 96, alin. 4).
  3. Ibid., p. 92 et suiv.