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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/617

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58. Les vers de même mesure doivent être parfaitement alignés en tête (c’est-à-dire par leur début), quelle que soit la différence de longueur établie entre eux par les mots dont ils se composent.

59. Les premiers mots de chacun des vers de mètre semblable s’alignant entre eux, l’ensemble de la composition doit se trouver aussi approximativement que possible au milieu de la justification.

60. D’après l’usage, on choisit, dans la pièce de poésie à composer, le texte le plus long parmi les vers du mètre le plus élevé par le nombre des syllabes (l’alexandrin, vers de 12 syllabes, étant, on l’a vu, une mesure qui n’est jamais dépassée dans la versification classique française).

61. Ce texte le plus long étant composé, on le justifie au milieu de la ligne, le blanc précédant le premier mot (et constituant la rentrée) devant se composer d’un nombre exact de cadratins[1]. Si ce blanc est moindre que 1 cadratin, il se reporte en entier à l’extrémité du vers.

62. Avec le premier mot de ce vers, qu’on peut appeler vers type ou modèle, on aligne le premier mot de tous les autres vers de même mesure.
---- On rentre, on renfonce, au contraire, de 1, 2, 3, 4, 5, etc., cadratins, sur l’alignement ainsi obtenu, les vers ayant 1, 2, 3, 4, etc., syllabes de moins que le vers type, chaque syllabe équivalant ainsi à 1 cadratin[2].

Les auteurs sont, malheureusement, loin d’être d’accord sur cette question du renfoncement par cadratin.

L. Chollet : « II. Le renfoncement se fait à droite et s’évalue selon le nombre de syllabes ou de pieds. Il doit être de 1 cadratin par pied en moins,

  1. À moins de raisons plausibles, il est préférable d’éviter les fractions de cadratin ; le travail du compositeur s’en trouve grandement simplifié et facilité.
  2. Nous avons cependant rencontré — mais ce n’était, il faut le dire, qu’une fantaisie d’éditeur et, surtout, d’auteur (Poussières et Falbalas ; Perrin, éd.) — plusieurs volumes dans lesquels les vers, bien que de mètres différents, n’avaient subi aucun renfoncement ; aussi l’effet produit était plutôt… bizarre :

    Bien souvent l’on confond septembre avec avril
    Et l’air doux du vieillard avec l’air puéril.
    Et, moi, j’adore
    Les fins cheveux si blonds encore
    À côté d’autres déjà gris.
    — Enfer et Paradis !
    Et j’aime de tout cœur l’amie épanouie
    — Enfant déjà vieillie ou vieille rajeunie !