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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/624

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ne saurait faire accepter ni surtout conseiller, dans un ouvrage soigné, à moins de circonstances tout à fait exceptionnelles, cette manière de voir.

Cette solution ne doit être tolérée que dans les journaux et les publications périodiques peu soignées, à justification restreinte et à deux ou plusieurs colonnes, où le filet ne permet pas au texte de déborder dans les marges et où la nécessité commande d’éviter la perte de place imposée par le crochetage de l’excédent du vers.

70. Le rejet crocheté doit comprendre au moins trois lettres ; les rejets de deux lettres, muettes ou non (à moins qu’il ne s’agisse de deux lettres fortes, suivies d’une ponctuation), s’expliquent difficilement ; le rejet de l’exemple suivant ne serait pas permis :

Soumis avec respect à sa volonté sainte,d’autres c[te.
Je crains Dieu, cher Abner, et n’ai point d’autre crain-

Ce rejet peut, en effet, presque toujours être évité sans inconvénient, puisqu’il suffit, dans la ligne longue, « de retrancher des espaces pour la valeur d’une seule lettre, la division tenant à peu près la place de la seconde ».

71. Si, dans son étendue, le vers est divisé en plusieurs lignes, chacune des parties après la première doit s’aligner avec la fin de la précédente plus une espace :

Si tu l’entends de lui…
Si tu l’entends de lui…Jamais !…
Si tu l’entends de lui… Jamais !…Jamais, ma foi…

Cette disposition permet au lecteur de se rendre exactement compte du vers.

72. Toutefois, lorsque le vers ainsi divisé dépasse la longueur de la justification, on rentre légèrement, de l’a quantité nécessaire, chacune des parties sous la précédente, afin de tenir dans la justification et d’obvier à un crochetage qui souvent rendrait le vers incompréhensible :

Tais-toi donc, Paul ?
Tais-toi donc, PauPourquoi ?
Tais-toi donc, Paul PourquChut ! Chut !
Tais-toi donc, Paul Pourquoi chut chuLà-bas, un chien !