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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/688

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CHAPITRE XXI

MANCHETTES ET ADDITIONS



Les manchettes, auxquelles on donne encore parfois le nom de notes marginales ou additions, sont de « courts sommaires », ou encore des « indications, des notes, des dates, qui se placent en marge d’un texte imprimé », sans renvoi dans le corps de ce texte.

Ainsi que le dit Fournier [1], le but ordinaire de ces notes marginales, dont l’emploi se remarque le plus fréquemment dans les livres d’histoire, est de relater les dates, de présenter le résumé très succinct des événements, ou de faire connaître, par le nom des auteurs ou le titre des ouvrages, les sources auxquelles on a puisé. Leur utilité ne se réduit pas à cette seule classe de livres ; les voyages, les traités de sciences et d’arts, et généralement les ouvrages de faits, lorsqu’ils sont accompagnés d’additions, offrent au lecteur un avantage universellement apprécié, celui de mettre sous ses yeux toutes les sommités d’un ouvrage, et de lui en faire concevoir rapidement la marche et le dessein.

Autrefois on usait largement des additions ; et, suivant Daupeley-Gouverneur[2], on mettait fréquemment en manchettes, c’est-à-dire en marge, de véritables notes, qui ne figureraient plus aujourd’hui qu’au bas des pages. Bien plus, au lieu de reporter l’excédent de ces manchettes à la page suivante, on le disposait volontiers en hache, c’est-à-dire que l’on retranchait au bas de la page autant de lignes de texte qu’il était nécessaire pour l’y faire entrer, en composant alors ce surplus sur la totalité des deux justifications réunies du texte et de l’addition. Il en résultait pour le lecteur une confusion qui est peut-être la cause de l’abandon dans lequel les manchettes ou additions sont tombées de nos jours. Les difficultés typographiques communément attachées à ce travail, tant pour la composition (ou la mise en pages) que pour le tirage des feuilles, ont pu contribuer aussi à cette défaveur. Sous le rapport de la facilité des recherches, il faut, toutefois, regretter, avec la majorité des lecteurs, de voir cet usage se perdre de jour en jour, car on doit reconnaître que les manchettes sont d’une utilité incontestable et qu’elles ajoutent à la clarté du texte dont elles sont en quelque sorte les jalons.

  1. Fournier, Traité de la Typographie, 4e éd., p. 178.
  2. Daupeley-Gouverneur, le Compositeur et le Correcteur typographes, p. 173.