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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/782

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dialogues, concurremment, et le tiret et le guillemet : un guillemet initial annonce le début du dialogue ; par la suite, le changement d’interlocuteur est indiqué exclusivement, à chaque alinéa, par un tiret ; un guillemet final apprend au lecteur que la conversation est terminée :

« … Si bien que la folie, comme j’avais l’honneur de vous le dire, est de plusieurs genres : 1° le vertige ; 2° l’hypocondrie ; 3° la manie ; 4° enfin, la frénésie.
xxxx — Et la magnésie, docteur, vous l’oubliez ?
xxxx — Comment, la magnésie ? Oh ! la bonne naïveté ! Mais la magnésie n’est pas une maladie : c’est une chose aigre et acidulée, tandis qu’au contraire la frénésie…
xxxx — Tenez, charmant docteur, il y a une chose dont vous parlez souvent, que vous guérissez rarement et que vous ne comprendrez jamais.
xxxx — La vérité est au fond du verre, Nil-Paulovitch, dit le docteur.
xxxx — Voilà pourquoi, répliqua le lieutenant, la vérité se paie avec la lie. »

Au dire de ses protagonistes, cette méthode présente deux avantages : 1° clarté : on sait exactement où s’arrête le dialogue ; le guillemet final supprime toute cause de confusion : on saisit immédiatement, que telle phrase, tel mot n’appartiennent pas à la conversation, même lorsque l’auteur accompagne celle-ci de réflexions ou de remarques isolées par une simple virgule ; — 2° uniformité : que le dialogue comprenne plusieurs alinéas ou un seul alinéa, même seulement quelques paroles au milieu d’un texte, il y a uniformité, pour indiquer la conversation, par l’emploi, dans tous les cas, du guillemet initial et du guillemet final.
xxxx À l’encontre de ces observations, les partisans des tirets objectent non sans raison : par le roman-feuilleton, l’emploi du moins pour indiquer les changements d’interlocuteurs est autant, sinon plus, vulgarisé que l’usage du guillemet ; — le tiret évite de guillemeter au long, si elle se rencontre au cours du discours, une citation, pour laquelle, dès lors, un guillemet final et un guillemet initial suffisent ; — enfin, si le dialogue est interrompu par la marche de l’action ou par une réflexion de l’auteur, une règle presque invariable s’est établie de rejeter en alinéa cette réflexion, évitant ainsi toute hésitation au lecteur.
xxxx Quel que puisse être le bien-fondé de cette argumentation, il faut reconnaître que le tiret s’est généralisé au point de paraître désormais le signe presque exclusif du changement d’interlocuteurs, alors que le guillemet est réservé plus spécialement aux citations. D’ailleurs, la généralité, pour ne pas dire la totalité des manuels typographiques acceptent et même recommandent aujourd’hui cette distinction.

17. Dans les dialogues faisant partie d’une citation, si chaque chan-