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Page:Brunetière - Cinq lettres sur Ernest Renan, 1904.djvu/55

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sont en effet là presque autant de vertus. Mais, après cela, je ne saurais trop regretter — pour lui — que, connaissant ainsi le prix, et peut-être la difficulté de la vertu, son dilettantisme se soit fait un jeu, sur ses vieux jours, de l’abaisser au rang du vice, et de parler de l’une et de l’autre comme indifféremment, avec le geste incertain et la langue pâteuse d’un Silène libidineux. Relisez l’Abbesse de Jouarre, ou encore tel discours de Renan à la jeunesse des écoles, si ces expressions vous paraissaient trop fortes.

Rien n’est plus grave, et on pourrait presque dire plus pieux, que les premiers écrits de Renan, ceux qu’il a réunis plus tard pour en former ses Etudes d’histoire religieuse et ses Essais de morale et de critique. Vous savez que ce sont aussi quelques-unes de ses meilleures pages. Son étude sur les Religions de l’Antiquité et sur la Poésie des Races celtiques sont demeurées et, je le crois, demeureront à bon droit classiques. On eût dit, véritablement, qu’en sortant de Saint-Sulpice il en eût emporté la résolution de montrer au monde que la rupture d’un prêtre