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Page:Brunetière - Cinq lettres sur Ernest Renan, 1904.djvu/71

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On peut ne pas tout approuver de la Révolution française, — ce qui serait mon cas ; — ou même n’en rien approuver du tout, — ce qui ne l’est plus ; — et n’en être pas moins ardemment démocrate. La Révolution française est une chose : la démocratie en est une autre ! On peut encore, comme Alexis de Tocqueville, reconnaître dans le progrès de la démocratie, le fait le plus universel et en même temps le plus irrésistible de l’histoire du monde, — si le progrès de la démocratie n’est autre chose en somme que le progrès même de la civilisation vers une décroissante inégalité des conditions, — et d’ailleurs n’avoir aucun goût, personnellement, pour la démocratie. On la subit alors, comme on fait des lois de la nature, et, tout en protestant contre elle, on s’y résigne.

Mais tel n’est pas le cas de Renan. Quelques boutades n’importent guère, auxquelles il serait aisé d’en opposer qui les contredisent ! Mais

    chemins de l’Europe, les gouvernements qui ne sont plus. »

    C’était sans doute le moins, s’il leur a dû quelque chose à tous, en commençant par le second Empire, et aussi pouvons-nous être sûrs qu’après un peu de résistance, il se fût rallié comme aux autres à celui qui le célébrait, le mois dernier, à Tréguier : « Messieurs, ami de tout le monde… » D’illustres savants, Laplace et Cuvier par exemple, ont éprouvé le même besoin de se ranger à tout prix du côté du gouvernement.