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Page:Brunetière - Cinq lettres sur Ernest Renan, 1904.djvu/72

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c’est sa conception même de l’histoire qui est « antidémocratique », en son fond, et dans la mesure même où elle est « antichrétienne ». C’est en tant que « païen » qu’il est « aristocrate ». Et, comme j’ai tâché de vous le montrer en vous parlant de sa « philosophie », c’est ce que je voudrais vous faire voir aujourd’hui en démêlant les deux ou trois idées qui font, comme il aurait pu dire, « l’épine dorsale » de sa conception de l’histoire. Il aimait ce genre de métaphores ; et il ne disait pas que l’histoire du monde, par exemple, est celle d’un conflit de causes adverses, mais « la résultante d’un parallélogramme de forces ».

La première de ces idées est sa Théorie de la Race, à laquelle peut-être a-t-il été conduit par ses études linguistiques, et dans sa croyance à laquelle, ultérieurement, l’ont confirmé l’aristocratisme de ses instincts, et le parti littéraire qu’il a cru qu’on en pouvait tirer.

Et, à ce propos, mon cher Monsieur, n’est-il pas, dois-je dire piquant, ou plutôt douloureux, d’observer que ce grand « apôtre de la tolérance », avec sa théorie de la race, aura été, dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle, l’un des