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Page:Brunetière - Cinq lettres sur Ernest Renan, 1904.djvu/82

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a fait le juge et la mesure du progrès. Cela éclate notamment dans la complaisance excessive qu’il a toujours témoignée pour les Grecs, race de sophistes et de « joueurs de flûte » ; dans le mépris qu’au contraire il a toujours montré pour les Romains, race de soldats et de jurisconsultes : et dans son hostilité pour le moyen âge.

Mais nous savons à notre tour qu’on ne saurait se tromper plus complètement ni plus dangereusement. « Un temps viendra peut-être, a-t-il dit, où un grand artiste, un homme vertueux, seront choses vieillies, presque inutiles ; le savant au contraire vaudra de plus en plus. » C’est le contraire qui me semble vrai. Le « savant » vaudra de moins en moins, et surtout l’érudit, l’épigraphiste ou le numismate, le philologue ou le linguiste ; et, dans l’avenir comme dans le passé, ce ne sera pas l’intelligence, mais la volonté qui gouvernera le monde.

Car la société des hommes ne repose point sur un échange d’idées, ou sur une communication d’agréables paradoxes, mais sur une réciprocité de services ; et on peut bien rire a du bon vieux mot », mais c’est la « vertu » qui en fait le lien. C’est le dévouement de la mère à son fils, de la